Ainsi donc. [Terminé]

Gorlfïn avançait sur la route, juste au bord, comme s’il attendait d’atteindre un endroit tout proche afin de disparaître dans les bois qui bordait son chemin. Aucun bruit ne retentissait en ce matin qui saluait son retour. Son retour… comme si cela lui importait, ses pas l’avaient porté sur les terres de son enfance mais cela ne l’affectait en rien.

Sa démarche fluide ne perturbait pas la vacuité silencieuse de ce début de journée. Il aurait pu voir les arbres qui se coloraient lentement, il aurait pu voir les teintes rouges orangées qui s’accrochaient langoureusement aux nuages. Il aurait pu. S’il avait levé les yeux un instant, seulement un instant. Mais il les gardait obstinément baissés.

La prochaine ville était-elle loin ? Etait-elle en vue ? Aucune importance. Tant qu’il marchait, il ne pensait pas aux souvenirs qui venaient le hanter depuis qu’il avait récupéré cette maudite lame. La lame, il l’avait baptisée Eldïn, la Froideur. Son arme, son pouvoir aussi. Elle lui était liée aussi intimement que son âme et il ne pouvait, ne voulait, pas s’en débarrasser. Et pourtant, quel repos cela pourrait lui apporter.

Plus d’illusions l’abordant au milieu de la rue pour lui demander un renseignement. Plus ce calme qui irritait la partie la plus désireuse de danser avec la Mort en une étreinte interminable.

Soudain, il percuta quelque chose. Il se releva en souplesse presque immédiatement et lorgna l’obstacle d’un œil agacé. Pour s’apercevoir qu’il s’agissait d’une jeune elfe. Immédiatement, il la toisa de haut et prit un air irrité. Il n’avait jamais vraiment aimé les elfes. Ils étaient trop… lumineux… à son goût. Et puis, généralement, ils sentaient. De cette odeur particulière de ceux qui ont choisi le camp de l’immobilisme. Mais celle là n’avait pas d’odeur. Ou il ne l’avait pas perçue.

− Quelle idée de s’arrêter au milieu de la route sans faire de bruit. Et de me tourner le dos en plus.

A l’entendre, on aurait pu croire que c’était elle qui l’avait bousculé.

Il la détailla un instant. Elle avait une figure superbe qui aurait impressionné n’importe qui et, un moment, Gorlfïn crut qu’il avait encore affaire à une illusion − puis il se souvint que le choc avait été on ne peut plus réel. Des cheveux dorés, parfaitement accordés à son teint, finissaient de rendre la jeune elfe splendide.[/color]

[HRP : Je souligne que je suis une humaine .(pas grave je comprends qu'avec les fines oreilles de l'avatar on confond , au fond c'est fait pour qu'on confonde [que je suis méchante^^]) En tout cas très beau récit ;) ]

L'instabilité de ces pas la rendait heureuse.
Au lieu de ralentir , ils continuaient avec toujours ce même entrain , cette énergie de tristesse.
Elle aimait ce rythme naïf , celui d'une marche que rien n'arrête...
Qui était-elle pour le savoir ? Juste une âme compatissante , une même victime que les rayons ne chauffaient plus.
Et pourtant..pourtant elle , la jeune fille, ..avait arrêté sa course depuis longtemps.

Le flot de ce son la transporta..mélancolique. Et elle se laissa bercer par le flot pitoyable de la froideur.
Elle aurait tellement aimé..pouvoir marcher comme cet être. Sans se soucier de ce qu'il y avait devant ou derrière.
Pouvoir incliner sa tête et ne penser à rien.
Mais ..elle s'était arrêtée.

Le murmure de la rencontre n'allait pas tarder.
Elle aurait du se pousser , se retourner et parler ..mais rien n'y fit.
Son envie était de tourner le dos et de ressentir l'inconnu.
Tout se rapprochait , les bruits vrillaient ses tympans avec amour..c'était tellement drôle.
Il avançait cet être , et Dachna l'attendait.
Elle ferma les yeux et afficha un imperceptible sourire ,oui c'était tellement drôle.
Et alors, l'inconnu percuta de plein fouet son corps ...mais pour la jeune fille ce n'était qu'une agréable douceur.

− Quelle idée de s’arrêter au milieu de la route sans faire de bruit. Et de me tourner le dos en plus.

Oui vraiment quelle idée, décidément Dachna était bien naïve.
Les traits insondables, les yeux buvant l'air , elle se retourna enfin.

L'homme qui lui faisait face affichait un air furieux.
Mais cette expression n'altérait pas sa froide finesse , cela mettait même en évidence la légèreté de son corps.
Son corps svelte cachait , sans aucun doute , une sculpture musculeuse.
Ses cheveux raides tombaient avec une subtile nature , et des traits doux dessinaient sa fureur.
Mais pour Dachna tout était dans les yeux. Et ce regard là avait quelque chose d'étrangement..vide.
Les iris bleus ne pétillaient pas comme au naturel , mais semblaient fades d'avoir trop vu.

La capuche de Dachna masquait l'identité mais aujourd'hui..son visage peu humain , elle avait envie de le montrer.
Elle releva alors sa toile noire, et laissa les doux rayons du soleil frapper sa peau dorée.
Ses yeux plongèrent dans le regard exaspéré du jeune homme , et dans la drôle de situation , elle parla.
Elle parla pour la première fois depuis longtemps.
Elle laissa des flots de consonances aviser ses lèvres , pour exprimer sa conscience troublée.

"Vous avez raison , veuillez m'excuser"

[Hrp : Ooops! Désolé. J'ai pas encore eut vraiment le temps de lire ta fiche (vu la taille, et me connaissant, je préfère la résérver pour un jour oùj'aurais le temps...^^) Je vais tenter de rattraper l'erreur...]

Gorlfïn se jugeait plutôt bon physionomiste et, surtout, il était sur qu’il n’oubliait pas le moindre visage. Il du réviser ses prétentions quand la jeune inconnue laissa tomber son capuchon. Elle était bien plus élégante qu’il ne l’avait jugé. Et ce n’était manifestement pas une elfe, malgré son teint doré. Les oreilles étaient trop courtes, trop arrondies. Non, ce n’était pas une elfe, mais elle rivalisait, sans le moindre doute, avec eux pour la beauté.

De quelle race était-elle, alors ? Il n’en savait absolument rien. Humaine ? Sa peau aux teintes dorées semblait s’y opposer, et pourtant…

Leurs regards se croisèrent un instant et il se perdit dans le vert immense. Cela ne l’affectait pas avec autant de puissance que pour un autre, car les illusions qu’il voyait étaient autrement plus troublante, néanmoins, il fut déstabilisé un instant.

Pourquoi cacher une telle silhouette derrière des habits noirs ? La question monta à la surface de son esprit puis se renfonça dans ses limbes. Quelle importance ?

"Vous avez raison , veuillez m'excuser"

La phrase avait fusée, étrange, chantante, plutôt comme une banalité qu’une excuse. Et le sens en glissa autour de l’Erewent sans vraiment l’atteindre. Quelque chose, en lui, lui criait de se montrer prudent. Une telle splendeur ne pouvait cacher que de terribles choses. Il continua tout de même à l’observer, à la détailler.

C’était toujours mieux que de laisser ses souvenirs surnager.

Il n’en retira qu’une sensation d’étrangeté.

Dès qu’il eut terminé son observation, il entreprit de nouveau de meubler ses pensées. Comment une femme aussi jeune pouvait-elle se promener seule si les rumeurs qu’il avait entendues étaient vraies, si Fall était bien de retour ? Les rumeurs étaient elles fausses, ou plus vraisemblablement, la jeune femme était-elle aussi dangereuse que le lui soufflait son instinct ? Milles questions, qu’il s’empressait d’alimenter, se bousculaient dans sa tête quand il se rendit compte que le silence régnait depuis un bon moment déjà.

− Gorlfïn, se présenta-t-il sommairement. Après tout, il y avait peu de chance que quiconque se souvienne de lui, ait même eut connaissance de son existence. Et son apparence était suffisamment éloignée de celle des Erewents les plus connus pour que personne ne se doute qu’il n’était pas humain.

[HRP : xD Tu es comme Moi , tu as oublié la couleur des pseudos pour les races ^^]

Le doux temps essayait d'apaiser Dachna mais elle avait toujours ce même vide..cette insupportable froideur qui exaspérait le monde.

Ainsi se contentait-elle de rester immobile , les yeux perdus au loin.
Elle laissa faire cette habitude , qui consistait chaque nouveau venu à la dévisager , à se demander quelle race osait faire affront de l'animer.
Avait-elle cru que cet inconnu puisse être différent? Non..pas un seul instant.
Il était normal qu'il se pose des questions , qu'il se trouble devant sa vue et qu'il mette en oeuvre les indécisions qui le rongeaient.
Qui plus est, on ne voyait pas souvent des gens comme elle..seule dans un tel moment d'incertitude.
Pourtant , à chaque fois , c'était une évidence de procédé qui lui donnait envie de rire .
Toujours cette même manière de voir , d'analyser un être et d'essayer d'en deviner le sang.
En général , ils fixaient le visage en premier.
Et alors , c'était un iris qui pouvait se contracter fortement , regarder dans le coin pour échapper à ce vert illusoire ..ou alors , juste un léger tremblement de l'oculaire, qui exprimait une stabilité perdue.
Ensuite venait les habits , et une question qui exaspérait. Un Pourquoi ? momentané qui mettait le doute dans les esprits , avant d'être avalé..par d'autres avis vigoureux.
Mais ils faisaient tous, la même erreur...Ils ne se fiaient qu’à l’enveloppe charnelle.
Jamais ils n'essayaient de remarquer le comportement , de gratter le superflue pour lire en lettre dorée l'évidence.
Peut être , tout simplement , n'avaient-ils pas appris à le faire.

Tandis que les rouages de cet être , implosaient dans leurs propres questions , Dachna se contenta de fixer le front de l'inconnu.
Un tatouage formait des vagues distinctes , envoûtantes , qui broyaient le visage de l'Erewent avec subtilité..quel beau sigle..
En effet , c'était un Erewent.
Comment le savait-elle ?..à quoi bon l'expliquer.
Tout dans son comportement , l'excluait d'être un homme ..et la logique de son procédé , la façon dont il examinait..pouvait crier à tous , le sang qui affluait ses veines.
Mais à cette époque , plus personne ne voulait écouter ce crie .
Ils préféraient voir..comme si c'était l'essentiel.
Ils avaient sûrement raison , mais le corps trompeur de Dachna comme de l'être lui faisant face , ne tenaient pas cette logique...

A mesure que le temps s'écoulait dans un sablier envoûté , l'Erewent restait muet, et examinait ses questions avec silence.
L'air sentait le recul et l’abstinence, il n'avait pas confiance en Dachna et il avait bien plus que raison.
Sûrement ne se doutait-il pas du coeur froid qui le côtoyait , peut être pas de l'âme pourrie qui flottait dans ses recoins .. mais il se méfiait , et c'était déjà bien.
Trop idiot était ces gens..qui trouvaient à Dachna un bon côté.
Elle n'en avait plus depuis longtemps , peut être même était-ce mieux ainsi.
Dans la période qui cavalait le monde d'Erin , cela pouvait s'avérer un atout. L'homme consciencieux , qui paraissait louche avait plus de chance d'être accordé à la civilisation ..plutôt qu'un être si pur et compatissant , qu'il en devenait étrangement hypocrite.
Oui, depuis le retour de Fall , rien n'était plus pareil.
Mais Dachna , pour une fois , préférait l'étrangeté , aux normes de la civilisation..
Après tout , si on pouvait la laisser tranquille , à quoi bon chercher l'accroche d'une autre âme ?

_ Gorlfïn

La voix grave de ce dénommé fit changer d'orientation les yeux de l'humaine.
C'était une nouvelle manière de se présenter , sans accorder de verbe ou d'adjectif...mais après tout..à quoi bon ajouter autre chose ?
Gorlfin était une belle consonance ,et peut être la politesse aurait du la pousser ,elle aussi, à enchaîner son identité...Pourtant..
Pourtant...il y avait toujours et encore ce maudit passé , qui lui donnait de mauvaises habitudes.
Elle n'avait avoué son nom qu'à une seule personne , qui n'était plus.
Il fallait dire... c'était sûrement la première fois qu'on voulait connaître son appellation , plutôt que sa race.
Ce démon qui lui avait paru anodin , raviva soudain sa curiosité estompée.
Il y avait en effet , peut être quelque chose d'intéressant au fond de lui.

A mesure que les minutes passaient , le silence pesait d'une grossière façon , mais pas pour Dachna.
Il lui fallait du temps pour savoir , mais tout était trop ancré pour qu'elle change ses habitudes et ses pratiques.

"Enchantée" Se décida-t-elle à dire , avant qu'il ne s'impatiente.Le timbre de sa voix fouettait l'espace d'une drôle de manière , comme si ce n'était pas un mensonge. Aurait-elle du ajouter autre chose ?
Peut être .. mais elle n'était pas de ce genre , qui adore discuter.
La discussion l'avait abandonné , depuis bien longtemps déjà.

[Contente que tu sois de retour , tu m'avais manqué : P (arrête de draguer Dachinette A_A). Pas de soucis pour le problème d'ordinateur..j'en ai eu tellement de fois que je comprends tout à fait. Et arrête de dire que ton texte est pas terrible , ça me rend folle de lire des mensonges comme ça.. :8: ]

Des oiseaux piaillaient sous le soleil levé et cette digne journée de bonheur insultait les deux personnages.
Dachna , quant à elle , ne faisait rien pour arranger les choses. Elle se contentait de rester immobile , comme à son habitude , et de regarder d'une manière exécrable Gorlfïn.
Sa nuque brûlée par le soleil laissait tenir un visage bien trop calme et pareille à une statue elle ne parlait pas..ne chargeait pas des mots pour aiguayer cette situation.
Gorlfïn paraissait se parler à lui-même pour ne pas sombrer dans l'ennuie et sa face dénudée de sentiment créait une triste réponse au regard de la Jeune fille.

Mais soudain , Dachna ne fit plus attention à grand chose et sa posture ne l'intéressa pas. En effet quelque chose venait de l'attaquer, tel un coup de poing , et elle se rattrapa pour ne pas afficher une stupeur trop marquée , même si son expression n'était plus neutre.
Un tintement rebondissait sur l'air et chantait la musique de la magie. Ces notes assourdissantes , vibraient dans l'esprit confus de Dachna. Fallait-il interpréter là sa folie passagère , était-ce son sort qui s'emballait à la vue de l'Erewent ?
Comme si sa question avait été entendue par le ciel , Gorlfïn tourna sa tête avec lassitude et regarda un coin de forêt qui lorgnait le sentier.
Il n'y avait personne à part quelques oiseaux , et Dachna ne pensa pas que ces volatiles étaient la source de sa recherche. Tandis que la jeune fille regardait désespérément quelqu'un qui ne venait pas, l'Erewent sembla , quant à lui , avoir trouvé ce qu'il fixait.
Ses pupilles noires se dilatèrent sous l'approche de sa "visé" et seul ce détail informa Dachna d'un mirage mouvant.
A mesure que l'être invisible avançait , Dachna dut faire un grand effort pour ne pas se faire remarquer. Sa tête brûlait devant cet étrange phénomène et elle essayait de retenir son psychisme.
Mais sa magie n'en faisait qu'à sa tête , et trop attirée par cet élan de force , elle divagua sur l'Erewent qui ne se doutait de rien , trop occupé par sa rencontre.

Elle entendit alors un murmure..arrogant et important...mais elle ne comprit rien. C'était comme si une brise légère chuintait ses tympans en la rendant folle.

*Qui es-tu...* pensa Dachna avec une pointe d'agacement. Ses yeux s'écarquillèrent de concentration et elle essaya vainement d'étudier ce flot de magie. Mais , comme agressé , le pouvoir se défendit avec une incroyable force et la conscience de la jeune fille se tordit en une douleur atroce.
Les ondes psychiques de Dachna relâchèrent immédiatement leur étreinte et , le souffle coupé , la jeune humaine ne laissa pourtant rien paraître de son mal.

Elle remarqua que l'Erewent l'observait, mais il ne semblait pas lier l'expression d'avidité de Dachna à son pouvoir inconnu. Tel un tic un peu trop poussé , il caressait le pommeau de son épée..de son épée..
La tête douloureuse de la jeune fille cria de triomphe : elle aurait pourtant du s'y attendre.
Tel un coeur qui battait avec joie , l'épée lançait des ondes dardés de sous-entendu. Elle soufflait , parlait et s'exprimait en un langage que seul Gorflin arrivait à comprendre..

C'était donc ça ? Cette puissance émanait d'un pacte entre deux forces entremélées..deux forces trop étroitement liées pour que Dachna ose s'y aventurer.
Mais le plus étrange c'était la nature de cette magie. Elle n'était pas utilisée mais voguait à sa propre initiative comme une force indépendante..même si un lien invisible l'insufflait vie en Gorflin.

Soudain, après une minute de puissance exécrable , le pouvoir de l'épée s'évapora comme s’il n'était jamais apparut. Gorlfïn ne prêta plus attention à son pommeau et cessa de le toucher. Alors , la douleur de Dachna s'arrêta en même temps que le geste de l'Erewent et l’épée se présenta à ses yeux comme une bête dormant paisiblement.

- Quelle est la ville la plus proche? demanda Gorlfïn d'une voix neutre à une jeune fille trop avide

Pendant quelques secondes , Dachna se laissa sourire. Elle ne porta aucun intérêt à cette question peu mirobolante et le lui fit bien comprendre en s'avançant calmement.
Elle s'arrêta juste devant lui , le laissant la dépasser de quelques centimètres (oui Dachna porte des bottes alors juste quelques centimètres : P) et afficha une expression de plénitude compréhension , sans paraître agressive , même si son approche pouvait donner froid dans le dos.

"Qu'est-ce que c'était ?" lui demanda-t-elle impétueusement, le regard brillant.
Ses cheveux virevoltaient avec lassitude en éclatant d'une poignée dorée et sa cape , sur qui le vent soufflait , frôlaient les jambes de Gorlfïn . Mais Dachna n'avait nullement l'intention d'attaquer , elle était bien trop curieuse pour y songer.

[La longeur d'un texte n'en fait pas sa qualité d'écriture *se retient de le taper* : Chuut je veux plus de bêtise ]

Gorlfin affichait une tête passablement chamboulée. Dachna avait visé juste , il était bien loin de ne rien comprendre. Son corps était crispé par une jeune fille bien trop proche et il semblait faire le plus d'efforts possibles pour ne pas reculer d'abjection.
Dachna fut néanmoins surprise par la réaction de l'homme. Elle s'attendait à le voir toujours aussi calme , imperturbable et froid ; mais apparemment, le fait qu’une fille s’approche consciencieusement de lui n’avait pas du lui arriver souvent. C'était étrange , comme il n'était pas si différent d'elle...
Son comportement que rien ne prévoyait , était pareil au temps , qui chavire de tempête en soleil..de froideur en brûlure..
La jeune fille attendait toujours la réponse de l'homme et ne prêta pas attention au geste de protection qu'il effectua. Qu'il se méfie si l'envie lui prenait ..elle attendrait toujours aussi calmement. Elle n'avait pas bougé d'un poil. Toujours avec une certaine grandeur elle plongeait ses yeux pétillants dans un regard qui ne souhaitait plus se trouver là.

Le vent doucereux et imperturbable avait cessé de tempêter contre la décision de l'humaine en qui la bouche d'un rouge sanglant restait platement fermée..inlassablement en attente.
Alors , avec une très bonne comédie , l'Erewent ne répondit pas à sa question mais en posa une autre , peut être plus prévisible :

- De quoi parlez-vous ?

Tandis que le vent reformulait une bourrasque , comme pour prévenir de sa présence , Dachna ne fit aucun signe.
Ses yeux pétillaient toujours intensément , ses bras tombaient encore le long de son corps finement dessiné , et son avidité ne diminua pas une seule seconde.

"A quoi jouez-vous ?" murmura-t-elle finalement, ses cheveux voltigeant dans le vent.
Il pensait lui mentir mais la magie ne connaissait pas le mensonge. Une entité de pouvoir se contentait d'interagir et son psychisme était un fardeau qui avait l'obligeance de ne rien cacher. Et il voulait gagner du temps pour éviter de répondre ?.. C'était bien trop inutile et cela ne servait qu'aux soucieux.

Il avait été assez inconscient pour ne pas se douter , que le pouvoir de Dachna décelait peut être des choses invisibles..et il avait également le toupet de formuler une incompréhension , tel un lâche qui avait volé une pomme.
Mais Dachna n'était pas agacée , elle semblait plutôt fatiguée...Le fait d'entrevoir la magie la rendait de plus en plus folle , à tel point qu'elle souhaitait tout savoir.
Ce n'était pas elle qui dictait ses actes , mais bien son douloureux pouvoir. Il la poussait à avancer , à poser des questions. Et elle vivait alors le sentiment des autres , ressentait leurs indécisions , leurs questions en suspend et s'attendait sans cesse à des mensonges.
Oui.
Le psychisme lisait plus qu'il n'avait besoin d'en savoir , et tels des ondes qui se réglaient sur la bonne fréquence, Dachna prévoyait des choses importantes comme futiles..jusqu'à ne plus se reconnaître qu'à travers les autres.

A cet instant, toujours aussi changeante dans son comportement , elle aurait voulu se détourner du visage de ce démon...
Elle aurait voulu partir et le laisser planter là , comme un piquet , avec une surprise et une incompréhension farouche...mais mais.. elle n'y arrivait pas.
Ses ondes psychiques l'accrochaient à Gorlfin , comme des chaînes à une prisonnière.

"Comment s'appelle votre arme ?" demanda Dachna à voix calme, pour éviter de trop penser.
Ses traits insondables ne montraient pas le malheur de son pouvoir..même si son avidité n'était plus perçue..
..Elle essaya de combattre un peu plus cette attirance magique , qui la forçait à décrypter le monde iréél..et attendit une réponse directe , même si son fardeau la poussait à lire entre les lignes du mental.

Il eut le temps d’un souffle pour se rendre compte que sa question était stupide. La jeune humaine était trop intelligente pour se laisser prendre à ce genre de stratagème. La réponse qu’elle lui fit, une autre question en fait, confirma son idée.

− Ne lui dit rien. Elle ne doit rien savoir. Tout ce qui me concerne doit rester entre toi et moi. Uniquement entre toi et moi.

La colère altérait la voix. La terreur aussi. Peut-être la lame elle-même ignorait-elle comment on pouvait se sortir d’un si mauvais pas.

− Tues-la, suggéra-t-elle. Tu débarrasseras le monde d’un serpent.

*J’ignore encore tout d’elle. L’enveloppe n’indique pas le contenu, et elle pourrait se révéler plus puissante que moi.*

− Je suis avec toi je te signale. Et les roses ne poussent pas dans les marais. Si elle a une enveloppe horrible, il y a fort à parier qu’elle ait un cœur horrible. Tues-la.

L’épée et Gorlfïn se révélaient de plus en plus énervés, la colère de l’un répondant à la colère de l’autre à cause du lien qui les unissait. Comme si ils grimpaient une échelle et qu’ils contrôlaient chacun un pied. L’un dépasse l’autre, puis est dépassé, puis dépasse de nouveau, et ainsi de suite.

*Tais-toi ! Je n’ai pas envie de la tuer. Et qu’aurais-tu à craindre d’elle que tu veuilles tant la détruire ? As-tu peur d’elle ?*

Eldïn se replia, retournant dans la gemme, vexée. Mais l’Erewent avait touché juste. Elle était terrifiée à l’idée que cette humaine pourrait découvrir des choses que tous ignoraient. Qu’elle pourrait peut-être se révéler suffisamment puissante pour rompre le pacte qui liait l’épée et le porteur.

Gorlfïn, de son côté continuait d’être perturbé par la présence de cette humaine si proche de lui. Son trouble s’accrut tant qu’il crut qu’il n’allait plus pouvoir se maîtriser et qu’il allait fuir à toute allure. Puis il se rendit compte que c’était ridicule. Sa panique ne pouvait lui amener qu’une seule chose, l’inattention qui marquait la mort de la plupart des êtres. Il s’efforça donc de se ressaisir. Il eut tôt fait de reprendre un air impassible et son esprit repris un rythme normal.

"Comment s'appelle votre arme ?"

La demande avait été faite avec un calme étonnant en comparaison de la phrase précédente et il sembla que l’humaine avait aussi repris le contrôle. Etonnant comme leur comportement était similaires. Le démon se demanda si elle aussi était torturée par une magie qu’elle avait accepté sans comprendre les tenants et les aboutissants. Ce serait douteux, mais pourquoi pas ?

La magie… Celle qu’elle possédait lui permettait-elle de répondre à la question qu’elle avait posée ? L’ignorance était la pire des choses. A cet instant, l’Erewent en avait plus conscience que jamais.

− Vous êtes bien curieuse pour quelqu’un qui ne dévoile même pas son nom. Et qui ne répond pas aux questions qu’on lui pose.

− Mens-lui, ordonna Eldïn prise d’une soudaine inspiration. Donnes-lui un faux nom. Comment pourras-t-elle se douter que c’est un mensonge ?

*Et si son pouvoir lui permet de lire dans mes pensées ? Hmm ? Une idée, une suggestion ? Alors laisse moi. Il ma semble t’avoir déjà dit d’aller au diable.*

− Mais je vais tout de même vous répondre, uniquement à cette question. Mon épée s’appelle Eldïn, La Froideur.

Il se demandait si l’appellation trouverait un quelconque écho dans les souvenirs de l’humaine mais il en doutait. Lui-même n’en avait entendu parlé que lorsqu’il errait sur les terres comme une âme en peine.

Bam....Bam....Bam Bam Bam ! !...Bam....Bam...Bam Bam Bam !

Voilà ce que Dachna essayait d'oublier, ne pas écouter : le bruit du coeur ..celui de Gorlfin. Il était torturé d'indécision , ballotté de gauche à droite comme une pauvre âme à la dérive.
Elle en était folle d'entendre ce petit bout froid , qui espérait se réchauffer d'un seul souffle....elle en avait même mal.

Mais son psychisme était implacable. Il s'instruisait dans le mental de l'Erewent et Dachna ressentait. La colère , la frustration et le souci. Surtout le souci de cacher.
Tandis qu’elle se restreignait , des vibrations de paroles prêchèrent son temple de douleur. C'était sûrement l'arme.

Il parlait frénétiquement à un Erewent déboussolé , qui ne savait plus trop quoi penser. Qu'importe son visage dénudé , Dachna sentait l'imprévisible..et elle n'en pouvait plus.
Cela ne lui ressemblait pas . Depuis quand éprouvait-elle les sentiments d'autrui ? Cet homme qui lui avait paru arrogant , soulignait la défaillance de son histoire..il lui ressemblait bien trop.


Son pouvoir soufflait à ses oreilles , avec un grand sourire aux lèvres.
Il balayait l'esprit dur et froid de Dachna en supposant les sentiments de Gorlfin , en lui soudoyant des informations étranges...indescriptibles..

Ce n'était pas tant l'idée de ces sentiments qui la déboussolait , c'était surtout les pensées profondes de Gorlfin , des pensées enfermées et troublées par l'épée : le fait qu'il ne sache plus...Ce sentiment était pareil au sien et il semblait si seul...seul.

Non.
Elle devait partir.

Tout ça relatait son ancien caractère , celui qu'elle voulait oublier mais qui prévoyait de la noyer. Elle ne devait pas se laisser broyer par des pensées..pourtant ..pourtant.

− Vous êtes bien curieuse pour quelqu’un qui ne dévoile même pas son nom. Et qui ne répond pas aux questions qu’on lui pose répliqua Gorlfin avec froideur.

Sa voix contrastait trop avec ses pensées chamboulées et pour Dachna ce n'était qu'une couverture.
Elle détestait vivre le sentiment des autres mais cet Erewent était spécial. La pensée était un univers complexe , bordée de réflexion et de plusieurs utilisations...le fait d'en interpréter les sentiments cachés ne relevait pas de la puissance mais d'un procédé beaucoup plus étudié , les liens de mêmes états d'âmes.
Pourtant à cet instant , Dachna lisait ses interprétations avec une netteté impressionnante.

Ses yeux arrêtèrent de plonger dans le regard de Gorlfin, elle fixa la poignée de l'étrange épée et ,Soudain , elle comprit.
L'âme de l'épée vivait dans un corps en acier , froid et sans pulsation... mais pourtant il voguait dans l'esprit de Gorlfin. Il jouait donc le lien , l'intermédiaire entre la pensée de Dachna et celle de l'Erewent.
Oui , voilà pourquoi elle le décryptait si bien , cela en était clair comme de l'eau de roche.
Tandis qu'elle combattait une incertitude qui ne lui ressemblait plus , Gorlfin s'adressa à elle d'une voix plus rapide :

− Mais je vais tout de même vous répondre, uniquement à cette question. Mon épée s’appelle Eldïn, La Froideur.

Dachna replongea ses iris contrastés , sur le visage de l'Erewent..Pourquoi avait-elle posé une telle question ? Son psychisme l'avait endoctriné dans une transe de vibration et elle s'était entendue parler d'une question qui n'avait aucun sens.
Un nom..pour une épée , c'était donc vrai ?

Son souffle chaud s'accéléra lentement.
Sur son visage , tout était blême. Elle ne souriait pas , n'était pas en colère ou triste...juste indescriptible.
La jeune fille mordit sa lèvre , et leva la main droite lentement. Elle ne pensait à rien mais était trop triste , trop chamboulée , trop de tout à la fois.

"La froideur..vraiment ?" murmura-t-elle avec peine

Lorsque sa main ne fut plus qu'à quelques centimètres du visage de l'Erewent , elle suffoqua intérieurement et la retira comme si elle s'était brûlé.
Que faisait-elle ?! Mais bon sang , comment était-elle en train d'agir ?! Son coeur battait tellement fort contre sa poitrine qu'elle en fut surprise...cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait plus sentit et ce fut une grotesque constatation de se rappeler qu'elle en avait un.

Comme un événement qui éclipsa tous les autres, elle recula. Elle-même ne se comprenait plus. C'était l'épée qui la transvasait dans des sentiments qu'elle n'avait jamais autant vécus , il fallait donc qu’elle ne s’approche plus.
Elle se mordait toujours la lèvre dans un geste convulsif et ne cessait de reculer , lentement , comme emprise de folie.
Finalement elle s'arrêta , honteuse et horrifiée par un comportement qu'elle ne connaissait pas.

"La ville la plus proche est devant vous" dit-elle avec un vide dans la voix.

Dachna ne tremblait pas et seul son visage pâle pouvait receler son mal être. Pourtant à l'intérieur , il lui semblait détecter des semblants de plombs coincés dans l'estomac.

Dachna n'osait même pas regarder le visage de l'Erewent..il lui aurait fallu pour cela , tout d'abord comprendre son acte irréfléchi.
Elle était froide , insensible et meurtrière , non pas compatissante…jamais.
.... Elle avait mal...mal de ce psychisme qui voulait se reconnaître dans Gorlfin. Elle aurait du se courber pour déverser son accablement mais elle se tint fier et ramassa lentement sa capuche.
Sa tête cachée se retourna alors vers Gorlfin qui ne voyait rien qu'une ombre aux cheveux mordorés ...Il valait mieux qu'elle parte.

[Hrp : regarde la taille du post précédent, et comme dirait un ami, il s'asseoit, et il pleure. Une heure plus tard (merci pour l'inspiration à un autre ami) : "Dachna ?... Non, ne tape pas! Ne... Aïe! Je voulais dire qu'il me semblait pas supe... pas trop mal *Se protège la tête et recule précipitamment.*]


Quelque chose semblait se dérouler sous le crâne de la jeune humaine qui la troublait. Gorlfïn nota avec détachement qu’elle se mordait la lèvre, comme les gens anxieux ou contrit, mais avec un air si passif que rien ne pouvait en être déduit. Elle avait indéniablement un meilleur contrôle que lui sur elle-même.

Quand elle commença à étendre la main, l’Erewent envisagea de reculer avec le calme qu’il venait de regagner. Mais quelque chose l’en empêcha. Un souvenir qui se montra en toile de fond, trop flou pour le perturber, et trop présent pour qu’il ne le voie pas. L’épée n’avait pour une fois rien à voir dans le processus et ce n’était pas une vision déformée par l’entité millénaire qu’il contemplait.

Une femme, sa mère, accomplissait le même geste, pour le consoler. Un instant les traits maternels voilèrent ceux de l’humaine qui lui faisait face, puis il chassa cette image. Il ne savait pourquoi mais c’était plus vivant quand cette jeune fille le faisait. Plus vivant… Depuis combien de temps ne s’était-il pas sentit vivant ?

Le murmure de son interlocutrice le fit sortir sans douceur ni violence du flot pour une fois paisible de ses pensées.

Elle continuait son geste et l’Erewent attendit le contact avec un sentiment d’accomplissement proche. Le sentiment d’être enfin là. A sa place. Et la jeune fille retira sa main. Brusquement. Brisant la barrière de calme.
Elle reculait, comme terrorisée, frappée par les dieux seuls savaient quoi. Et sa lèvre blanchissait tant entre ses dents serrée que Gorlfïn eut peur qu’elle n’aille jusqu’au sang. Elle arpentait là des royaume qu’il ne connaissait que trop bien. Elle marchait juste à la frontière de la santé mentale, de la folie douce et de la démence. Il s’était souvent tenu au même endroit, dans son propre esprit. Et il n’en était pas revenu indemne.
De son côté, tout en notant cela, l’Erewent tentait de recouvrir sa froide distance afin de sauver les vestige de son âme qui avaient goutté un instant la lueur du soleil et qui allaient d’un instant à l’autre être écrasés par le contrecoup. Par cet arrêt brutal dans des illusions qu’il avait espérées plus réelles.

Il étendit par-dessus un voile et renvoya le tout aux tréfonds de sa conscience, de sa vie, comme il l’avait fait lorsqu’il avait affronté le sanctuaire d’Eldïn. C’était le seul moyen de vivre et de conserver cette part de lui-même pour qu’elle puisse refleurir un jour et envahir de nouveau sa vie.

Il achevait cet acte lorsque l’humaine s’arrêta. Elle eut l’air de se ressaisir et lui parla d’une voix suprêmement vide. Une phrase qui devait plus lui servir à finir de s’arracher à ses actes précédents et à y réfléchir qu’à répondre à la question de l’Erewent. Ce qu’elle ne faisait d’ailleurs pas vraiment. Il avait demandé quelle était la ville la plus proche car il voulait en connaître le nom. Qu’il l’atteindrait en continuant sur la route était une évidence.

Mais il ne dit rien car à cet instant, une nouvelle bourrasque dans sa tête happa le voile qu’il croyait avoir solidement mis en place avec tout un pan de ce qu’il se représentait comme une cité en ruine qui tentait de se rebâtir. Son image de lui-même avant son exil volontaire, ce lieu de sa conscience qu’il ne regardait jamais de peur de lui infliger une perte irréversible, venait de se scinder et une partie en disparu à jamais.
A jamais ? Non, pas à jamais mais il faudrait tant de temps pour qu’elle soit reconstruite.

La jeune fille avait caché son visage, ce visage dont, s’il ne le revoyait pas, Gorlfïn garderait une image gravée à jamais dans la douleur et le bonheur à la fois.

Elle esquissa un geste pour partir mais, sans réfléchir, il lui attrapa le bras. Eldïn sembla se rebeller contre cet acte mais Gorlfïn n’avait aucune attention à lui accorder et il ne se rendit même pas compte qu’il la cantonna, chose dont il ne se croyait pas capable, dans la gemme, l’empêchant de faire quoi que ce soit.

− Accepteriez-vous de faire un peu de chemin avec moi ?

Pour la première fois, la première fois de toute sa vie, il sentait sa solitude avec une intensité poignante. Il désirait partager son temps avec cette inconnue. Il ne connaissait même pas son nom mais il sentait qu’elle lui ressemblait. Pas comme ses parents ou comme un autre Erewent. Non, comme quelqu’un qui avait vécu des expériences similaires. Il y avait une note de désir qui venait du cœur lorsqu’il continua.

− J’aimerais que vous me parliez. De vous, si vous le voulez, de n’importe quoi d’autre sinon.

(...*tape encore une fois*)

Un seul mot voulait franchir les lèvres de Dachna : Pourquoi?

Pourquoi Gorlfin n’avait-il pas repoussé son ancien geste ? Pourquoi n’était-elle pas encore partie?
Dans ce chaud paysage de mille couleurs , le temps semblait inexistant pour la jeune fille. Il pouvait bien s’être écoulés deux secondes ou bien deux jours..était-ce différent ?

La seule chose importante à ses yeux : c’était son comportement. Il y avait trop de mauvais souvenirs qui accompagnaient ses réflexions , et des sentiments qu’elle pensait oubliés , refaisaient surface dans l’océan de sa protection.
Elle était détentrice d’un horrible préjugé , qui lui donnait l’impression de revenir en arrière.
Mais le pire dans tout cela , c’était que ce retour hors-normes n’avait franchi les limites qu’à cause de Gorlfin. C’était lui le responsable de son trouble , de sa faiblesse et de son changement.


La longue cape de la jeune fille la voilait entièrement , comme si se faire repérer par le soleil était un crime.
Et malgré la ténacité de ce dernier, il semblait faire disparaître des rayons sur son corps sans jamais l’atteindre. Véritablement ,elle voulait tourner le dos à la manière d’une barrière.

Tout simplement car Dachna ne comprenait plus rien et d’ailleurs , elle NE voulait plus rien comprendre. C’était cette maudite épée qui la rendait ainsi....oui c’était certainement ça....comment ça certainement ? C’était OBLIGATOIREMENT l’épée de l’Erewent !
Le fait de vivre les sentiments de Gorlfin, à travers son propre corps, aurait pu rendre n’importe qui vulnérable !
Mais voilà , elle n’était pas n’importe qui. Dachna était l’ombre d’elle-même , une ombre qui broyait les alentours avec violence et tristesse : elle était un monstre ..tout simplement.

A mesure que le temps passait, la jeune fille se décida enfin à franchir le pas.
Sa capuche aux lueurs des abysses cloisonnait une perte de contrôle , qu’elle eut vite fait de regagner. Le maintient sûr et digne , elle regarda par terre sans observer Gorlfin et s’apprêta à partir.

Mais soudain , lorsqu’elle amorça son départ , l’Erewent lui empoigna le coeur avec surprise.
La tête baissé , ses cheveux tombaient dans le méandre de son désir et sa main s’était agrippée dans un geste convulsif sur le poignet de la jeune humaine.
Dachna sentait palpiter en lui une magie colossale , et cette fois-ci le pouvoir de l’épée n’y était pour rien.
Il ne devait pas....qu’il la laisse.
Mais ce raisonnement était bien fastidieux car elle urait très bien pu s’arracher à cette étreinte .
D’ailleurs....elle aurait mieux fait de réagir ainsi.
Mais pourtant..elle n’y fit rien. Elle se laissa pour la première fois retenir de son plein grès et c’était un exploit dont l’Erewent n’avait ,peut être, même pas conscience.

Tandis qu’elle restait immobile , les pensées de Gorlfin ne lui cachaient plus rien.L’avoir touché n’avait pas été une bonne chose ,car elle souffrait d’autant plus qu’elle se sentait bien.
Il fallait...qu’il la laisse partir...il fallait..


− Accepteriez-vous de faire un peu de chemin avec moi ? La voix de Gorlfin caressa les incertitudes de Dachna en une douce illusion...
Non!..qu’il se taise..il ne comprenait pas cet idiot...
Dachna essayait vainement de s’arracher à son étreinte , mais le pouvoir de l’épée la troublait dans les sentiments de l’Erewent , et elle n’arrivait plus à se convaincre de rien..
Elle vivait ses souvenirs à travers Gorlfin et se rappelait de son enfance moins voilée....elle se rappelait surtout de son ancien caractère qui refaisait surface avec danger.

− J’aimerais que vous me parliez. De vous, si vous le voulez, de n’importe quoi d’autre sinon.

La bouche de l’humaine se convulsa dans une douloureuse entente.…au fond qu’était-elle ? Pendant une année elle s’était convaincue de n’être qu’une enveloppe, en qui le coeur avait disparu. Alors pourquoi battait-il tellement fort ? Et pourquoi se posait-elle autant de questions ?

Elle releva sa tête et dans l’ombre de sa capuche , seul ses yeux apparaissaient au monde entier.
Il était si naïf...et elle si déboussolée. Il ne se rendait même pas compte de qui elle était....il ne savait pas à quel point elle était dangereuse. Et son seul caprice était qu’elle lui parle : le pauvre fou.
Il voulait qu’elle lui parle...et elle alors , que voulait-elle ? Ce qu’elle voulait vraiment n’était plus qu’un sentiment enfoui, qu’elle prenait avec dissociation.


Elle tourna son visage de profil ,à un Erewent qui avait depuis longtemps relevé sa tête. Les rayons lumineux qui n’avaient pas réussi à la réchauffer , s’infiltrèrent alors vers son visage pour éclairer un sourire profond : le sien.

« Vous ne devriez pas » Insinua finalement Dachna à Gorlfin , pour l’inciter à la lâcher.
C’était le caprice d’un pauvre Erewent..qui ne savait rien .
C’était mieux pour tout le monde qu’elle parte .en ce qui concernait Gorlfin , cela s’averrait même être la meilleure chose à faire.C’était quelqu’un de bien ..la jeune fille le lisait entre les lignes de son psychisme. Qu’il s’allie avec des nomades neutres et sans problèmes , en la laissant continuer sa débauche de vie parée de sang et de cadavres

La brise légère d’auparavant , revint frôler les deux êtres. Des feuilles vertes et brillantes tournoyaient autour d’eux et le soleil se faisait de plus en plus fort , comme pour les éclairer.
Mais sa phrase ne changea rien de Gorlfin. Il continuait de tenir son poignet comme si cela le raccrochait à un bien ultime.

" Vous m‘ennuyer et je n’ai pas la moindre envie de continuer à vous parler..." -elle annonça ça à Gorlfin d‘une voix froide et distante même si au fond d’elle-même , elle sentait un poids énorme dans le ventre.- " Il vaut mieux que vous partiez " ajouta-t-elle après un court silence , comme si elle lui donnait un important conseil.

Elle ne s’était pas dégagée. C’était, pour l’Erewent un signe qu’il l’avait touchée. Mais il ne voyait rien sous la capuche qu’elle avait relevée. Il caressa l’idée d’utiliser sa magie pour la retirer. Montrer au soleil le visage de cette humaine qui l’avait ramené pendant quelques instants à des pensées sereines. Et qui lui donnait l’envie de recommencer.

Il sentait le débat que se livrait la jeune fille. Il comprenait qu’elle oscillait entre l’acceptation et le refus, comme si deux forces contradictoires la retenaient de pencher d’un côté ou de l’autre. Et il comprenait qu’il ne devait pas intervenir. Comme il comprenait. Trop bien. Peut-être eut-il mieux valu qu’il ne comprenne pas et qu’il la pousse dans son choix. Mais il comprenait.

Elle se tourna un demi, laissant le soleil illuminer en partie son visage. Sa peau dorée, les quelques mèches qui refusaient l’oppression du capuchon noir. Et son sourire. Un sourire que Gorlfïn aurait aimé voir tout le temps accroché au milieu de ce visage. Un sourire qui complétait la beauté de l’humaine.

« Vous ne devriez pas »

La phrase avait été prononcée dans un souffle. Un souffle qui sonnait comme une bulle de regret aux oreilles d’un Gorlfïn qui était redevenu pour quelques instants ce qu’il avait été, un Erewent normal, pour peu qu’il y ait une norme. Et il ne la lâcha pas. Il ne le voulait pas et sentait obscurément qu’elle ne le voulait pas non plus vraiment. Sinon, elle aurait au moins tenté de se dégager. Et aucun geste brusque n’avait secoué sa fine silhouette enveloppée de noir.

La brise forcit un instant et, en voyant qu’elle ne se dégageait pas, l’Erewent crut qu’elle allait accepter. Puis elle repris une voix froide et distante. Une voix étudiée pour cacher les sentiments. Elle prononça deux phrases. Le Glas résonna deux fois dans la tête de l’Erewent qui avait crut pendant une petite huitaine de minute qu’il allait retrouver une partie de sa stabilité.

"Vous m‘ennuyer et je n’ai pas la moindre envie de continuer à vous parler... Il vaut mieux que vous partiez"

Gorlfïn laissa retomber son bras contre son corps. Comme un appendice atrophié. Dans son esprit ce n’était pas le débit calme des pensées naturelles, pas non plus la tempête qu’on aurait pu escompter. Non, c’était juste… le néant. Une fosse dont il ne voyait pas la fin. Un gouffre qui semblait mener plus bas encore que le fond de la terre. Et une partie de son ancien moi avait glissée dans cet abysse.

Eldïn, a présent libérée s’enfonça dans la brèche. Peu soucieuse avec sa puissance de renverser d’autres morceau de l’ancien moi du porteur. Quelle était pour elle la signification de ces bouts de conscience ?

− Tues-la. Elle t’a fait souffrir plus que tout, elle a percé des secrets qui ne la concernent pas. Tues-la.

Le retour a son instabilité coutumière et l’appel du sang le firent retrouver ses perceptions et renvoyèrent son passé dans un coin. Isolé.

Son regard prit une allure méchante, une allure de désir. D’un désir qui ne laissait aucun doute sur ce sur quoi il portait. Le sang. L’Erewent, exhorté par l’épée, voulait voir du sang couler. Un long et abondant flot de liquide vital. En un éclair, il dégaina son épée. Et l’instant d’après, il s’entailla le bras gauche.

*Pas elle. Pas elle. Je ne la frapperait pas.*

L’envie sanguinaire avait de nouveau désertée son visage. Il s’était maîtrisé.

− Tues-la. Elle est trop dangereuse pour nous pour rester en vie.

*Ne viens pas te mêler de sentiments que tu ne peux comprendre, rétorqua-t-il mentalement en rangeant sa lame dans son fourreau. Elle n’est dangereuse que pour toi, apparemment.*

Il étendit négligemment la main vers le bois et aspira une partie de la vie d’un arbre pour refermer sa blessure. Les feuilles se ratatinèrent, privée de sève et le tronc sembla se contracter légèrement de douleur.

− J’aurais aimé, dit-il d’un ton vide.

Ce n’était qu’une constatation. Il avait recouvert sa neutralité de ton et d’esprit maintenant que son passé s’était de nouveau terré.

− Je continuerais seul. Ne croisez plus jamais mon chemin, s’il vous plait.

C’était plus un ordre qu’une demande et il espérait qu’en effet, elle ne croiserait plus son chemin, car il n’était pas sûr alors de ce qu’il ferait.

Il allait se mettre en route quand une question lui brûla les lèvres. Pourquoi l’avait-il posé ? Lui-même n’en savait rien. Un retour furtif de son ancienne personnalité ? Possible, mais peu probable.

− De quel côté êtes-vous dans la guerre qui se prépare ?

Enfin.
Ce que Dachna esperait se réalisa sous ses yeux voilés. Gorlfin avait reçu ses répliques comme un coup de poing dans l'estomac. Elle se rappelait de son sourire caché , de son espoir ...mais illusoire car Dachna l'avait envoyé valser dans les bas fonds de la rebuffade.

Maintenant que l'Erewent l'avait lâchée , Dachna pouvait contempler son vide assidu et essayer d'être heureuse pour lui...Au plus profond de son esprit , elle combattait des injustices qui se remuaient dans un drôle de procédé . Mais pour lui tout allait bien et c‘était l‘important.
Certes il serait sûrement triste mais tout valait mieux que de rester à ses côtés , juste pour une promenade plus simple fut-elle.

Heureuse d'être triste , Dachna fut soudainement plaquée par la magie de l'épée, qui la laissa gronder de fureur.
Eldïn serpentait avec bonne humeur dans l'âme douloureuse et vide de l'Erewent , et il profitait de sa tristesse pour lui souffler des conseils. En voyant l'étincelle de fureur qui brillait dans les iris de Gorlfin , la jeune fille était prête à parier que tout ceci lui était destiné d'une mauvaise manière.

Comme une sûreté d'esprit revanchard , elle resta aux côtés de l'Erewent et attendait..attendait de recevoir un coup brûlant dans le dos , le poitrail ou tout autre partie offerte avec conscentement. Elle voulait même mordre l'acier de l'épée et lui infliger tout son psychisme.
Mais Gorlfin , qui crissait d'une fureur incontrôlable , sortit son arme maudite pour une abomination qui laissa la jeune fille sous un état de choc.
Avec un geste digne de plusieurs entraînements , il plaqua le bord de sa lame tranchante contre son bras crispé et regarda le flot de son être s'écouler.
Sous ce coup offert , Dachna avait tourné sa tête vers lui avec autant de surprise que sa capuche aux lueurs de mort était tombée , en révélant des éclats dorés qui encadraient un visage effrayé.

Mais dans les yeux de l'Erewent brillait mille joyaux de bien être. Il semblait tellement soulagé de regarder ce sang que Dachna ne pouvait que contredire cet acte irréfléchi. Il fallait être insensé pour compléter sa douleur dans du sang qui coulait trop de fois! Sans ajouter qu’elle n'était pas si importante pour une telle peine capitale....
Pourtant, au fur et mesure, Gorlfin se calma.
Il s'approcha d'un arbre que Dachna sentait crier et en retira une mince vie du végétal épuisé..vide et tellement malheureux.
Puis ,après un silence où seul les cris du monde naturel vrillaient sur la tête de l’humaine , l’Erewent prononça une défaite accomplie.

− J’aurais aimé Sa constatation n'avait plus aucun écho de sentiment. Il avait dit ces mots d'une voix totalement neutre et réfléchie, comme s’il avait pu parler du temps ou de l'arbre à ses côtés.

− Je continuerais seul. Ne croisez plus jamais mon chemin, s’il vous plait. dit-il avec toujours un insupportable vide dans sa conscience.
Mais selon Dachna il pouvait lui faire confiance.. car se revoir mutuellement n'était pas bon ..ne devait pas se réaliser...non... Gorlfin méritait d'être bien et elle espérait qu'il trouve sa route en bon sens.
Quant à elle , ce n'était qu'un euphémisme de savoir..qu'elle devait rester seule.
Son visage découvert avait cesser d'avoir peur pour lui. Dorénavant elle n'inspirait même plus le vide mais la joie. Ses lèvres s'étiraient en un sourire sincère et bien complexe...

Oui ,elle était heureuse pour lui.

Le coeur rongé de Dachna ferma sa cage de pensées et elle souhaita partir au plus vite. Ce sourire ne durerait pas longtemps et l'Erewent ne devait voir que ça ..juste un sourire.
Comme si ses pensées interprétaient les choix futurs , Gorlfin amorça un pas pour s'enfuir de ce lieu trop présent mais , avec une attitude ancienne et un peu personnel , quoique froide , il préféra poser une dernière question, qui semblait lui tenir à coeur.

− De quel côté êtes-vous dans la guerre qui se prépare ?

La guerre ..ce mot donna envie de rire à une humaine trop inexpérimentée en ce qui concernait l’actualité. Ses yeux éclatant plongèrent dans le regard distant de l'Erewent.
Elle souffla tout doucement , de bon coeur, et avança sur le chemin en s'approchant inexorablement de Gorlfin. Puis , elle s'arrêta en face de lui , à quelques mètres :

"Je suis dans le côté qui voudra bien de moi" répondit-elle avec un triste sourire aux lèvres.
Puis elle rattrapa sa capuche , couvrit pour l’énième fois sa tête inhumaine et passa à côté de l'Erewent ..tout doucement.

"J'ai oublié de vous dire, je m'appelle Dachna" murmura-t-elle à ses oreilles. Ce flot de révélation sonnait comme une douce musique ..tellement bien interprétée.
Mais déjà Dachna s’échappait, elle accélérait son rythme de fugue et tournait le dos à tout. A une ville où elle croyait se rendre , à ce sentier battu ... à lui.

[Topic terminé ? : P]

[ce N'EST PAS court du tout Ok ? *lui ecrase le crâne à coup de pied* ]

[Mmmf..tu sais je me contôle pas , alors le mieux c'est que tu arrêtes de te critiquer : P]

Ah bon on flood ? Je m'en étais pas aperçue (Mikäa nous tape pas A_A)

[TAPEEEER :5: Mais non chuis gentil =D Filez, vilains floodeurs è_é]