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| Les ombres de la nuit [Pv Mikaël] | |
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Alakal
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| Sujet: Les ombres de la nuit [Pv Mikaël] Dim 10 Fév - 15:26 | |
| La nuit avait déposé son grand manteau obscur sur la campagne. Et la grand'route était plongée dans une pénombre étouffante, écrasante, qui distillait une chaleur lourde. Pas de lune ; les étoiles semblaient s'être retranchées derrière un paravent noir, impénétrable. Personne, à cette heure, n'aurait osé braver les dangers d'une marche dans l'obscurité. Personne ?
Pourtant, ce brusque mouvement qui soudain brisa la tranquillité nocturne, cette semelle qui battait le pavé en silence, appartenaient à une jeune ombre solitaire. Pour Alakal, le jour avait été trop vite consummé. Après la rencontre d'une Bis au demeurant étrange, à travers la lande. Après avoir revu les ruines brûlées de son enfance brisée ... Le repos, l'oubli, se trouvaient dans l'effort. Eviter une ornière, détecter l'infime son annonçant un animal, marcher, encore, toujours, sans s'arrêter. Peut-être à l'aube serait-elle déjà loin. Pour continuer l'existence faite de patients à soigner, guérisseuse itinérante et bien utile. Oui, évidemment, il lui faudrait faire une halte au matin, dans l'un de ses refuges secrets où prenaient vie ses préparations, où les simples séchaient dans une odeur végétale tonifiante.
Se remémorant les événements de la journée précédente, Alakal s'arrêta sur la Bis. Elle l'avait soignée, à son propre détriment, alors que ce n'était qu'une inconnue ... Cette pulsion qu'elle avait ressenti pour la première fois, troublante, s'imisçait en elle un peu plus à chaque seconde, par intermittence. Elle lui faisait presser le pas, accélérer la cadence. Quelque part, quelqu'un avait besoin de ses talents, du don qu'elle possédait. Et puis ... Oui, parfois ... A l'extrême opposé, la jeune hybride se demandait bien à quoi servait sa vie ! Ces phases maussades de son existence la minaient parfois pendant des semaines. Et alors ... Alakal s'établissait dans une clairière, n'importe où tant que la nature chantait ses bienfaits. Assez de temps pour se réfugier dans la monotonité idyllique d'un quotidien parfait ... Près de son élément. Seule. Ce mot résonnait à ses oreilles, douce musique. Une chouette hulula, tout près. Vite, la jeune fille pressa le pas, vague silhouette dans la nuit. L'air chaud stagnait. Pas le moindre soupçon de vent ... Les pans de sa cape de voyage claquaient contre ses chevilles.
Son bâton de marche l'aidait silencieusement à amorcer chaque foulée. Seule ? Non.
L'instinct qu'elle possédait depuis toujours la pressait de rester sur ses gardes. Il y avait un être vivant, aux alentours. Pas une bête ... Un être dont les pensées semblaient converger vers elle. Alakal se stoppa un instant, puis reprit le fil de sa marche, aux aguets. Une seconde elle huma l'air de la nuit ; on y retrouvait les fragrances moites d'une température élevée, et qui couvrait tout le reste. N'y tenant plus, la jeune fille s'arrêta de nouveau, sortit sa gourde, et but de grandes gorgées d'une eau somme toute fraîche et pure. Le ruisseau qui l'avait généreusement fournie se trouvait maintenant à des kilomètres de distances, et il n'était pas question de gaspiller le précieux liquide. Toutefois, la soif tenaillait Alakal depuis un moment. Conséquence de la sécheresse de l'atmosphère de Meath à cette époque de l'année ...
Avec des gestes emprunts de prudence, elle rangea prestement le récipient, et repartit de plus belle, manifestement avec la ferme intention de ne plus mettre un terme à ses chères pérégrinations. Elle faillit en oublier la présence qu'elle avait cru percevoir quelques instants plus tôt ... Ce ne fut que lorsqu'un grognement étouffé retentit, suite à la bosse en forme de main humaine qu'Alakal avait senti sous son pied droit, que ce pressentiment se confirma ... | |
| | | Mikaël Eòghan ~> Admin Polaire <~
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| Sujet: Re: Les ombres de la nuit [Pv Mikaël] Mer 27 Fév - 14:16 | |
| [Désolé pour le retard et le post court, TT]
Encore un gargouillement. Qu’il était bruyant à mourir. Etant donné l’heure tardive et les évènements de la journée, la patience de Mikaël était à bout. Tout ça pour un abruti. Un simple humain, quelqu’un de stupide qui avait seulement été trop bavard et incroyablement chanceux pendant deux minutes. Sa bonne étoile aurait été encore plus généreuse si elle avait accordé à son protégé le bonheur d’éviter l’hybride, mais elle avait raté son coup. En fait, au niveau de la chance, c’était plutôt Mikaël qui devait s’estimer heureux. En rentrant du Val Perdu, où il avait pu… vérifier quelque chose, il était passer par Tara et en autorisant à son cheval un peu de repos près d’une taverne. C’était là qu’il avait croisé –ou plutôt, avait été bousculé- par cet homme, incroyablement anxieux et excité. Et qui venait, approximativement, du même endroit que lui. L’humain balbutiait et semblait quelque peu perdu, mais il restait… émerveillé ?
Il avait cessé de l’être, lorsqu’il avait vu que son compagnon de route ne l’avait emmené avec lui que pour le tuer. Il ne saurait probablement jamais pourquoi, sauf si malgré son état d’ébriété, il avait réussi à comprendre que dans certains cas, mieux vaut être aveugle. Enfin bref, cette corvée était achevée et Mikaël aspirait surtout à rentrer et dormir. De toute façon, c’était de sa faute s’il n’avait pas réussi à tuer l’homme sur le coup. Délaissant l’agonie de ce qui n’était déjà plus un être vivant, l’hybride se retourna pour observer l’horizon et les confins de la route dallée. Il avait beaucoup de choses à faire, ces temps-ci. Et en plus, il fallait qu’il s’occupe continuellement d’un simple travail de surveillance. L’odeur de la victoire avait-elle déjà tourner la tête de ceux qui étaient sensés s’occuper de cela à sa place ? Il soupira. Probablement. La Guilde était rempli d’hypocrites paresseux qui, parce qu’ils avaient atteint UN de leur objectif, s’estimait hors d’atteinte. Un des avantages à cette situation, c’est que Nathaniel allait lui servir considérablement. Le jeune serviteur ne semblait pas manqué d’expérience pour ce qu’il risquait de faire plus tard. Il faudrait d’ailleurs –et Mikaël prit le soin de bien le noter- lui parler pour mettre au clair plusieurs point, notamment sur ses pouvoirs ou plus généralement, sur ce qu’il savait faire. Etait-ce une excuse qu’inventait son esprit pour ne pas voir une vérité qu’il sentait voilé ? Honnêtement, il ressentait de la curiosité à l’égard du jeune homme si peu réactif qu’il n’avait vu, en tout pour tout, pas plus de quelques heures.
Il se détourna de sa contemplation pour observer froidement le futur cadavre qui venait d’émettre un grognement. Et à quelques mètres de lui, en fait, juste près du corps étendu sur le dos, il y avait… une jeune femme. L’Erewent aurait sursauté s’il ne s’était pas appris depuis longtemps à contrôler ses réactions. Mais si extérieurement, seul un bref moment où ses yeux furent écarquillés montra sa surprise, à l’intérieur, il lui sembla rater un battement cœur ou, au choix, avoir pris un mur dans la face.
La demoiselle –il y avait vraiment d’autres originaux qui se promenaient à trois heures du matin, sur une grande route ? On n’était donc tranquille nulle part- semblait avoir marché sur l’agonisant qui émettait des râles essoufflés. Frustré contre lui-même qui n’avait pas fait attention, qui n’avait rien entendu ni senti venir, Mikaël l’aurait volontiers achevé pour le faire enfin taire, mais il était trop pris à court. C’était une vision pour le moins étrange. Deux hommes. Un bientôt mort. C’est facile, songea Mikaël, je n’ai qu’à la tuer aussi. Il n’était pas un meurtrier en puissance et préférait l’éviter en général. Et comme il était plutôt pressé, il n’avait pas grand-chose à faire de la voyageuse. Tout dépendait en fait, de la réaction de l’inconnue.
Mikaël restait méfiant, silencieux et le plus neutre du monde, même si le fait qu’il était le meurtrier était flagrant. La nuit était trop noire, malgré l’éclat de la lune, pour qu’il puisse distinguer clairement les traits de son visage, mais cela n’avait pas beaucoup d’importance. Humaine ? Elfe ? L’avantage, c’était que cette vision affaiblie était réciproque. Alors, même si elle comprenait ce qui se passait, elle ne serait pas très dangereuse… Bref, les secondes s'écoulaient avec lenteur, effaçant la surprise des deux êtres, et elle n'avait toujours pas réagi, ou trahi le moindre effarement. | |
| | | Alakal
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| Sujet: Re: Les ombres de la nuit [Pv Mikaël] Mer 27 Fév - 15:48 | |
| Une main, une main humain ! Sous son pied ! Mais quel original (pour ne pas dire cinglé) dormait sur la grand'route aussi tard dans la nuit ? Un grognement étouffé avait répondu à cette pression sûrement très désagréable ; un grognement peu normal chez un sujet sain. Voilà qui déjà était beaucoup plus vraisemblable : la personne se trouvant actuellement sous sa voûte plantaire était très certainement malade, voire blessée. Ce n'était pas impossible qu'en fin de soirée elle se soit faite surprendre conjointement par la diminution de la luminosité générale, et par une bande de brigands. Son esprit méthodique laissait disparaître la jeune femme pour peu à peu la remplacer par la guérisseuse. Celle qui soigne, celle qui soulage les maux. Tout s'étant passé trop vite, Alakal n'avait pas eu le temps d'être surprise. De tout manière, même en des situations, disons plus normales, rarement elle laissait transparaître ses émotions.
Restant figée quelques secondes, la jeune femme laissa ses pensées s'orienter vers le maigre contenu de sa sacoche. Une miche de pain ... Ne sachant pas depuis combien de temps le pauvre homme gisait là ... Si éventuellement il avait faim et pouvait ingurgiter quelque nourriture ... Sa gourde d'eau fraîche, des simples séchés, sa pommade à base d'arnica, quelques toiles d'araignée pour bander, un peu de tissu de lin ...Cela devrait être suffisant. Après, elle verrait. Sûrement ... Non ? Oui, elle pourrait peut-être utiliser de nouveau le don qui résidait dans ses longues mains blanches. Ce ne serait que la deuxième fois de la journée qu'elle y aurait recours ... Avec de la chance, la douleur ne manquerait pas de la faire s'évanouir. Enfin un peu de repos. Mais déjà, les soins à apporter au blessé. En entendant de nouveau ses râles rauques et de plus en plus précipités, Alakal se mordit discrètement la lèvre et se pencha. Le pouls était irrégulier, et un liquide chaud formait une large flaque sur sa poitrine. L'hybride trempa un doigt dedans, le porta à ses lèvres. C'était bien ce qu'elle craignait. Du sang ... Comment ne pas reconnaître cette senteur métallique si caractéristique ? Ce ne fut que lorsqu'elle tendit le bras pour se saisir de ses affaires personnelles, qu'Alakal remarqua avec curiosité une silhouette. Un homme. Debout, raide, comme ... médusé. Mais il faisait trop sombre pour distinguer correctement, du moins, ses traits. Tout en hochant la tête, la jeune femme déduisit mentalement qu'une altercation avait du se produire, et que le sujet actuellement spectateur des soins apportés à la victime était de toute évidence responsable de l'état de cette dernière. Alakal ne pouvait se placer en qualité de juge ; elle ne savait pas lequel des deux avait frappé le premier, surtout pourquoi ?... De quelle façon étaient armés les protagonistes ... Elle était juste sûre d'une chose : le vainqueur du duel était donc bien cruel, de ne même pas achever son adversaire correctement ! Ou alors, piètre au combat, mais c'était moins probable.
Avec un soupir très appuyé qui résonna dans l'air frais de la nuit, la guérisseuse s'agenouilla et banda savamment le torse de son patient après lui avoir retiré lentement sa chemise pour ne pas le sortir de sa torpeur. Les bandages étaient enduits d'une lotion cicatrisante faite à base de plantes. Ces quelques tâches accomplies, la jeune hybride se rapprocha encore plus près de l'agonisant. Avec maintes précautions, elle serra les paumes en sueur contre les siennes et attendit patiemment. Elle ne craignait pas la douleur. Depuis toujours, celle-ci avait été son unique compagnie ... Pour soulager, elle devait payer un prix parfois fort élevé ... Mais en elle-même elle était de plus en plus satisfaite, chaque jour. Une chaleur insupportable commençait à se dégager au point d'attache entre le corps d'Alakal et celui de la victime. Elle était là ... Son ancienne "amie", qui revenait à la charge. Mais la curiosité poussait néanmoins la jeune fille à lutter. Pour une fois !... Lutter afin de rester consciente. Et de s'expliquer avec l'Autre. | |
| | | Mikaël Eòghan ~> Admin Polaire <~
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| Sujet: Re: Les ombres de la nuit [Pv Mikaël] Dim 2 Mar - 10:23 | |
| Chose étrange du point de vue de Mikaël, l’inconnue ne l’avait même pas remarqué. En prenant en compte la pénombre et sa surprise de marcher sur un corps, on pouvait éventuellement comprendre qu’elle soit préoccupé par ce qu’il y avait sous ses pieds au lieu de ce qui se tenait devant elle. Lorsqu’il la vit s’asseoir à côté de son ancien compagnon de route, inquiète, il ne put retenir un sourire amusé. Elle semblait plus inquiète pour le mourrant que pour elle-même. C’était une mentalité particulièrement différente de la sienne, par nature égoïste et distante. En la voyant tendre la main vers sa sacoche, Mike comprit qu’elle savait guérir manuellement les gens, ou du moins une certaine panoplie de blessures ou de maladies. Pas forcément guérisseuse à part entière, mais cela expliquait sa réaction à la vue d’un blessé. Cependant… un petit problème allait se poser. Il ne la laisserait pas faire. L’autre avait de toute façon, très peu de chance de s’en réchapper.
Silencieux, il l’observa. Elle avait sorti un lot de bandages, qu’elle appliqua et noua d’une manière experte sous son œil attentif, non s’en avoir retirer la chemise collée à la peau par la coagulation du sang séché avec une patience admirable. Comment pouvait-elle s’imaginer, après l’avoir remarqué, qu’il la laisserait soigner son adversaire vaincu ? Devant le mutisme de l’hybride, peut-elle avait-elle cure que ce n’était qu’un accident et qu’il était effaré de voir son ami mourir… Mais rien de tout cela. Juste une prévention, parfaitement conscience. Désolé, jolie demoiselle. Votre pitié ne sert guère à grand-chose ici. En même temps que de formuler ces pensées, Mikaël ne put s’empêcher de songer qu’elle devait être encore plus naïve qu’il l’imaginait, car il était évident qu’un simple bandage, aussi bien fait soit-il, ne sauverait pas l’homme de la douleur et de la mort, avec tout le sang déjà perdu précédemment. Pourtant, la femme allongea ses bras et attrapa délicatement les mains de l’agonisant. Avait-elle un quelconque pouvoir ? Thaumaturgie, guérison, autre ? Etait ce simplement une manière d’apporter du réconfort à ce piètre humain ? Plutôt la première version, jugea Mikaël qui s’agenouilla en face de la nouvelle arrivée en scrutant son visage. Peu à peu, les traits sereins se contractèrent, violemment, les délicates lèvres se courbèrent, et probablement la peau avait-elle pâlie en même temps. De toute évidence, il était temps d’intervenir. Le demi Erewent se releva, contourna le corps, s’assit de nouveau près de la jeune femme qu’il prit pas les épaules et écarta avec douceur, avec un sourire qui ne quittait plus son visage, qui aurait pu être compatissant si Mikaël éprouvait de la compassion pour l’individu qui allait quitter ce monde.
- Ne vous donner pas cette peine, dit-il gentiment.
Après un instant de réflexion, c’était presque même gaiement qu’il lui avait conseillé cela. Il sépara les deux paumes, se releva, sortir de nouveau son épée. Une fraction de seconde, il revit le visage séché, bruni par des années de mort sans putréfaction, les orbites creuses et noires qui n’étaient que le regard du néant, la silhouette grande et osseuse… *Cadeau*, pensa t-il en balayant cette vision et en achevant proprement l’homme qui, fort heureusement pour lui, mourut enfin. Un simple spasme, puis plus rien. Malgré sa belle assurance d’il y a quelques mois, Mikaël ne pouvait s’empêcher d’être soulagé de ne plus avoir à faire avec le serviteur de la Mort. A l’époque cela lui était peu important, car il ne pensait qu’à une chose. Maintenant c’était bien différent. Surtout qu’il n’avait strictement plus aucune influence sur l’Ankou et que celui-ci avait des envies beaucoup plus que meurtrières à son sujet. En se retournant vers la femme, il caressait machinalement la bague à quatre émeraudes. Il essuya machinalement son épée sur le corps de celui dont l’âme devait être juste à côté d’eux en ce moment. Heureusement que les vivants ne voyaient pas les morts, ils seraient effarés du nombre. C’était bien différent des Tasmants, même si ceux-ci avaient une assez mauvaise réputation. Et leur semi vie était si fragile. | |
| | | Alakal
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| Sujet: Re: Les ombres de la nuit [Pv Mikaël] Jeu 24 Juil - 14:07 | |
| Trop tard. Alakal avait dérapé, elle était tombée au fond du gouffre. Le gouffre d'une douleur profonde et inconsciente, celle qui meurtrit les âmes autant que les corps, celle à qui personne ne résiste bien longtemps. Peu dans ce monde pourtant violent et inconstant pouvaient témoigner d'un tel lacérement des sens ; à part peut-être ceux qu'on oubliait souvent : les Tasmants. Ni morts ni vivants, pâles ombres, pâles copies des êtres qu'ils avaient été autrefois. L'inconnu, avec un sourire presque invisible dans la pénombre, s'était penché, avait rompu le lien. Alakal n'avait jamais été interrompue pendant une guérison. Jamais, et dans un tourbillon d'émotions et de souffrance, à peine consciente d'être tombée à terre, la jeune femme émit un gémissement sourd et rauque.Une image restait gravée sur sa rétine : celle de cet homme, sûrement l'agresseur de son patient. Alakal, immobile, ne bougeait presque plus : c'était à peine si sa poitrine se soulevait, signe d'une respiration difficile mais vitale ; les derniers mots qu'elle avait pu entendre ? Une phrase si gaie. On aurait presque pu penser que l'homme lui conseillait de ne pas insister pour ranger sa sacoche ... Alors qu'au lieu de cela, c'était tout bonnement le fil d'une vie qu'il venait de couper.
<< Ne vous donnez pas cette peine. >>
Fallait-il être à la fois cruel, subtil, arrogant, pour se permettre de la plonger dans ces abîmes de douleur tout en tuant celui qu'elle tentait de soustraire à la mort ? A cet instant, une seule idée réussit à frayer un chemin dans son esprit : ce serait bientôt son tour. Elle allait mourir. De cela, elle était quasiment certaine. Pendant une seconde, la jeune hybride pensa à ses parents adoptifs. A tous ceux qu'elle avait connu. Tous ceux qu'elle chérissait, il y a bien longtemps, dans le manoir au milieu de la lande. Il n'en restait plus que des cendres. Elle-même allait rejoindre ses défunts proches. Enfin ... Si seulement ses maux pouvaient cesser!... Peu à peu, une sorte de lucidité brutale s'imposait à ses nerfs fatigués de souffrir. La pierre qui lui blessait les côtes, son coude tordu en un angle bizarre et certainement pas naturel, cette déchirure qui écartelait ses membres ... La jeune femme percevait cette multitude si nettement qu'après de longues minutes de silence elle soupira de nouveau. Ses paupières battirent, elle ouvrit les yeux. Dans l'ombre, une silhouette se détachait, et sa densité bien réelle la faisait paraître plus noire encore que la nuit. Mains sur les hanches, l'inconnu l'observait, manifestement sans réagir. Lorsqu'elle parla, ce fut avec une haine jamais ressentie qu'Alakal s'exprima. Sa voix était hachée, mais claire et glaciale. La guérisseuse reprenait ses esprits. Elle ne mourrait pas.
- Que venez-vous de faire ? Vous ne pouviez pas décemment m'arracher à mon patient ... Quelle importance de le tuer si vite, alors que vous auriez pu attendre encore un peu ?
La jeune hybride se releva et parvint à se mettre à genoux. Dans son sang pulsait une rage de vivre dont elle n'avait pas connaissance ; mais la souffrance était encore là. Toujours en elle. Elle reprit, s'interrompant parfois ;
- Quelques secondes et ... De nombreuses personnes meurent, chaque jour. Je le sais. Pourquoi pleurer ? C'est une vie de perdue. Mais ce que vous venez de me faire éprouver, je ne l'oublierai jamais. Je ne pourrai pas l'oublier. C'était ... Presque pire encore que la mort. Le mal est une entité à part entière, et lorsque je soigne, il passe du corps du blessé au mien. Rompre le lien ! Quelle conséquence désastreuse ... L'Ankou aurait très bien pu ...
Alakal se remit debout, en s'aidant de ses mains. Elle les contempla, ces instruments de guérison, qui pouvaient tout aussi bien la changer en une masse inerte et dolente. La douleur s'estompait, petit à petit. | |
| | | Mikaël Eòghan ~> Admin Polaire <~
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| Sujet: Re: Les ombres de la nuit [Pv Mikaël] Lun 15 Sep - 20:12 | |
| La femme s’affaissa brutalement sous le regard impassible de Mikaël. Il n’en éprouva aucune inquiétude ; s’il elle en était morte, ce n’était pas ses affaires. L’important était d’avoir tué le potentiel danger pour la Guilde. Juste quelqu’un de bon à mourir, de toute façon. Un ivrogne qui se targuait d’être un voyageur philosophe. Mais désormais, il n’était plus personne, plus personne… Juste… Juste quoi ?
Un amas de cellules qui s’éteignaient. Un morceau de viande, un cadavre tout bon à pourrir et se fondre dans la terre. Quelque chose de périssable. D’effaçable. Un peu d’ivoire et de calcium. De l’eau. Et quoi d’autres ? Personne ne regretterait cet individu. Et quant à elle… Et bien, elle paraissait ne pas avoir d’attaches en tant que voyageuse, mais de toute manière, Mikaël s’en moquait éperdument. Il profita du moment qu’il avait pour attraper le poignet fin de la demoiselle et mesurer son pouls. Elle était vivante. Juste évanouie. A la réflexion, cela n’étonnait guère le demi-Erewent. Avoir été brusquement séparée du réservoir où elle déversait son art, cela n’avait pas du faire du bien à son âme. Par conséquent, le touché ne lui était pas indispensable pour avoir un lien mental avec son patient, puisque Mikaël avait eut la galanterie de les lui enlever, délaissant le corps meurtri du macchabée.
Il eut aussi le temps de soulever le cadavre pour le déposer dans le fossé, tout simplement. Les corbeaux et autres oiseaux de la plaine se chargeraient de lui, tout comme la pluie et les insectes. Ce ne serait juste pas très ragoûtant pendant quelques jours de passer à cet endroit… Mais il n’avait ni l’envie pour le bien sanitaire des passants, ni le temps de creuser une tombe à l’individu. Si une âme charitable passait par là –en tout cas, ça ne correspondait pas à sa description- il s’en chargerait avec une jolie petite croix en bruyères. Se frottant légèrement les mains après avoir accompli cette tâche, il revient près de la demoiselle inconnue qui avait bougé, et attendit à quelques centimètres d’elle. Celle-ci redressait la tête, s’aidant de ses bras. Ses mèches de cheveux suivaient le mouvement de son visage. Mikaël ne distinguait pas ses traits dans la pénombre, mais le ton était significatif :
- Que venez-vous de faire ? Vous ne pouviez pas décemment m'arracher à mon patient ... Quelle importance de le tuer si vite, alors que vous auriez pu attendre encore un peu ? Quelques secondes et ... De nombreuses personnes meurent, chaque jour. Je le sais. Pourquoi pleurer ? C'est une vie de perdue. Mais ce que vous venez de me faire éprouver, je ne l'oublierai jamais. Je ne pourrai pas l'oublier. C'était ... Presque pire encore que la mort. Le mal est une entité à part entière, et lorsque je soigne, il passe du corps du blessé au mien. Rompre le lien ! Quelle conséquence désastreuse ... L'Ankou aurait très bien pu ...
Totalement insensible à ce virulent discours de colère envers sa personne, Mikaël attendait que le flot de paroles se tarisse. Ses paroles étaient tout sauf cohérentes. Et intéressantes.
- C’est votre pouvoir, vos soins, votre mort, votre problème, répondit-il franchement sans aucunes culpabilités. Quant à lui, vous venez de le dire ; pourquoi pleurer ? Quelques secondes n’y auraient rien changé et vous auraient fait perdre votre temps. Et puis, soyez positive ; vous aurez une expérience du sujet pour la prochaine fois… Ou lorsque vous mourrez vraiment.
L’hybride était rarement aussi moqueur dans ses paroles tout en restant froid. Même s’il avait une nature très méprisante et agressivement ironique, il s’était bien calmé depuis son adolescence et juste quelques débordements se déroulaient parfois. Mais ici, c’était trop tentant pour répondre à l’offensive verbale de la jeune femme. Il avait un très léger sourire froid aux lèvres, qu’elle ne devait probablement pas voir alors qu’elle se remettait d’aplomb. Mais il était fatigué et c’était plus simple de réagir ainsi que de garder encore le mur insensible qu’il se dressait chaque matin. | |
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