Un peu d'alcool pour oublier son eau [Libre]

Des rires gras survolaient l'ambiance étouffante d'une taverne animée. Des femmes assouvies rigolaient aux bras d’hommes gros et imposants, et pour une poignée d'argent c’était un échange de chair ou de boisson.
Mais dans cette tumultueuse situation, une seule personne ne semblait pas s'amuser.
Elle était tout au fond du bar , à la lueur des bougies sur lustres. Une capuche enchevêtrée de lourdes abysses voilait sa mine revêche et froide, et son corps était caché par un long manteau noir soudoyé d'une cape aux reflets morbides.
Elle semblait décalée au milieu de cette situation de folie et personne ne lui distribuait la moindre attention , il y avait déjà fort à faire pour se mêler des soucis des autres.

"Qué-ce que j'vous sers à vous là ?!" Un barman corpulent qui s'était avancer vers elle, cachait son sourire égosillé sous une grande barbe grise.Il parla de bonne humeur devant Dachna mais elle ne fit mine de rien et se laissa perpétrer un silence âpre.

"Dis-donc l'inconnu , c'rait bien qu'vous parliez !" conseilla le barman on perdant son sourire sous le silence impoli de l'encapuchonné.

Malheureuse de ses souvenirs Dachna leva sa tête et redressa l'échine

"L'alcool le plus fort que vous aillez" dit-elle finalement sans la moindre tournure.
Le barman afficha un air surpris en entendant les paroles de Dachna. Sûrement ne s'attendait-il pas à y reconnaître une jeune fille , et avec un certain ton mielleux il ne put s'empêcher d'ajouter

"Vous s'vez ma'moiselle c'est pas pour les femmes c'te boisson , sauf vo't respect."
Mais la jeune humaine ne semblait pas disposer à s'expliquer et elle se renferma dans ses pensées fiévreuses et négatives.
Le barman se contenta d'hausser les épaules d'un geste vaincu et partit chercher une bouteille en lançant un "J'vous aurai prév'nu!"

Le monde n'était que prévenance pour Dachna et pour le peu de fois qu'elle buvait de l'alcool..il était bon de se remémorer l'inconnu.
La main de la jeune fille caressa doucement le bois rêche du bar et elle laissa ses doigts voguer contre l'impétueux sentiment qui lui broyait les os..
Elle essayait de ne pas se rappeler ce souvenir, avec un Erewent et une épée..mais rien ne pouvait l'empêcher de se mordre la conscience. Qu'avait-elle fait ? Et pourquoi continuait-elle d'y penser ? Il n'était rien ...et pourtant c'était ça qui le gardait ancré dans son esprit.

"Vous savez..ça sert à rien....ce que vous faîtes ?" une voix vrilla ses tympans et Dachna tourna lentement sa tête vers un homme déjà bien saoul , qui la regardait depuis longtemps sans qu'elle n'y fasse attention

"De quoi parlez-vous ?" demanda-t-elle avec calme et sérénité , quoique sa voix avait quelque chose d'étrangement triste.

L'homme qui lui avait parlé se leva lentement et chaloupa son regard louche sur un coin , à côté de Dachna.
"Ca sert à rien de boire..on oublie qu'un soir et demain est plus dur encore..."
Sûr ces mots , l'inconnu se retira sans un regard pour l'humaine , en espérant cuver ailleurs une boisson bien trop amère.

*Chaque jour est dur pour moi...* pensa Dachna avec une pointe d'ironie. A cette constatation son visage voilé afficha un imperceptible sourire. Certes la vie était dure mais le bon côté , c'est qu'il suffisait de tout oublier. Pourtant , Dachna avait marché longtemps pour oublier Gorlfin , et elle n'avait réussi quà attérir dans un bar miteux où pullulait les ivrognes.


"V'là ma chère Dame , que bon vent vous mène" aboya le barman en posant une chope assez large , qui prenait dans son berceau un liquide rouge comme le mal.
Dachna ne demanda pas son reste et balança un sous en argent sur le comptoir avant de reporter son attention sur le verre.
Oui..Il était bon d'oublier...
Elle souffla un voeu avant de boire le liquide , qui lui brûla la gorge d'une agréable manière.

[ Je m'inscrute ^^ ]

La druidesse randonnait sur les quais, les yeux dans le vague, un sourire neutre aux lèvres, une étoffe de tissu noir reliant sa chevelure en une épaisse queue de cheval basse, dont la majeure partie des mèches s’immobilisaient à la raie du dos. Une langue de cheveux châtain lui balayait le visage, frôlait ses cils, sa bouche. Elle la ramena derrière son oreille, mais elle s’en échappa sous la brise fraîche du matin. D’ailleurs, elle avait un peu froid. Et soif.
Elle fit un bref passage de politesse chez un tailleur, afin de lui faire part des nouveaux vêtements qu’elle porterait prochainement.
Puis, elle rencontra une taverne baptisée « Au poney qui tousse », un endroit éploré, côtoyé par des bourgeois, par le tiers monde, ceux qui viennent pour oublier, s’amuser, ou mourir.
Elle chassa le chambranle de bois, et dévisagea le lieu.
Il y avait des tableaux aux cadres de sylve vernie, dont certains clichés manquaient, ou alors, l’alcool rongeait les peintures, ce qui provoquait la disparition des paysages ou des portraits.
Ensuite, il y avait des rouleaux de papiers peints absents dans les coins de l’auberge. Une imposante armoire renfermait des trophées sortis de je ne sais où, peut-être volés. C’était sûrement la fierté des taverniers.
Puis, il y avait les habitués, les ivrognes qui buvaient en compagnie de prostituées, ceux qui s’abreuvaient d’alcool pour méditer, et d’autres encore, pour détrousser discrètement les chalands.
Il y avait le barman qui essuyait les verres à l’aide d’un torchon bien crade et poussiéreux, nettoyait le bar qui s’effritait et pointaient vers le ciel ses multiples échardes. L’homme barbu et joufflu grondait des mots incompréhensibles dans sa toison grise, tout en astiquant péniblement les taches de sang déposées par les récentes bagarres.
Dés que la porte s’entrebâilla, il y eut une clochette rouillée qui tinta faiblement, suffisamment pour qu’il y ait des avertis qui pivotèrent leurs têtes. Le barman fut le premier à réagir, et se pressa en se postant fasse à la pythie, puis, entonna la discussion avec une voix confiante :

« J’vous sers quoi, à vous ? »

Nathalie Vigny dirigea son regard dans l’assemblée, et fit la moue en contestant les chopes nauséabondes et répugnantes qui gisaient au sol, dans les mains des hommes ou femmes abrutis par la bière, la plupart du temps brisées sur les étagères…

« Rien. » Répondit-elle au gargotier en faisant la grimace.
« P’tite nature, hein ? ajouta-t-il en badinant, d’accord, mais si vous v’nez ici, vous r’sortez en ayant payer ! »
« Comment ?? » s’indigna la Gallisenaes.
« Bah ouais, mad’moiselle, j’bosse moi, j’pense que si vous pr’nez une bière, ça vous éviterez d’payer pour rien. »
« Pour choper le tétanos ? Non merci, tenez, gardez la monnaie. » Termina Nathalie en lui tendant une douzaine de galions d’argent, qu’il fourra avidement dans ses poches.

Il repartit derrière son café miséreux, tandis que la jeune femme cherchait une place confortable, sur lequel elle pourrait se reposer une petite demi-heure. Elle effleura des alcooliques éberlués, dont l’un remarqua son gène, et sa difficulté à dénicher un coin paisible :

« Eh, ma mignonne, je…j’te laisse une place si tu…on joue au docteur ! Pa-parait qu’les Galli’ sont d’bonnes guérisseuses ! » Gloussa t-il bêtement, en agitant dans les airs, sa bock de vin qui se versait sur toutes les têtes.

Nathalie devint rouge pivoine, et pencha la tête vers le bas en s’éloignant de lui.
« Crétin. »

Elle s’installa à une table voisine d’une femme capuchonnée qui lampait des gorgées de FARO, un alcool particulièrement fort, qui rend complètement inconscient de nos gestes après un verre. Mais celle-ci devait en consommer régulièrement pour rester aussi sereine. Enfin, dans le sens qu’elle ne s'ensuque pas.

[Avec plaisir : P]

C'était affligeant de voir comme l'alcool pouvait rendre sot. Les moribonds du bar s'égosillaient dans leur rire et lançaient des chaises , se tapaient mutuellement , chantaient avant de s'écrouler ivre mort sur le sol.
Dachna cantonnait peu cette ambiance lourde et le fait de savourer sa boisson lui donnait mal au coeur. Le breuvage qui aurait du lui faire perdre la tête , ne faisait rien pour l'enivrée et elle se retrouvait aussi étrange qu'au début de sa mésaventure.
Dans le coin sombre et poussiéreux de la salle fatiguée , le barman lui jetait de temps à autre des regards appuyés , pour voir l'effet du Faro sur l'insalubre humaine.
Mais rien.
La boisson brûlante lui chauffait les entrailles et s'imposait mal dans son corps , sans pouvoir lui faire perdre les sens de sa salubrité
Il aurait suffit de regarder la scène de ce bar avec consentement , pour remarquer que Dachna était de trop. Chacun buvait à en perdre son saoul , avoyait sur les sols poussiéreux , tandis qu'une encapuchonné marquait le calme qu'il n'y avait jamais eu auparavant.
La seule plénitude , le seul silence qui pouvait s'imposer dans cet endroit miteux n'était du qu'aux sommeils peu jovials des paresseux alcooliques.
Seule atonie de l'ambiance survoltée , Dachna parcourait la différence qui faisait d'elle quelqu'un -pour la majeure partie des personnes- de décalée , d'étrange.

Alors qu'elle se plongeait dans sa conscience passagère , comme à chaque moment d'incertitude vivante , quelqu'un d'autre rentra dans le bar. Loin d'essayer de connaître , elle n'imita pas la plus grande partie de la foule réveillée , qui chaloupait une seule seconde de son temps le nouveau venu , avant d'appliquer à nouveau sa conception favorite d'un soir : celle de se rendre fou.
Mais le barman ennuyé , qui de sa seule occupation salissait les verres , s'empressa de croiser ses jointures fétiches pour espérer grappiller de l'argent, en s'avançant vers l'inconnue d'un geste faux mais conséquent.

Il parla sûrement. Mais dans le tumulte de la pièce Dachna n'était pas disposée à entendre , ou peut être ne souhaitait-elle pas le faire..tout simplement.
Pourtant , faute d'un destin qui veut sans cesse régir , la parvenue du bar décida de s'asseoir juste à ses côtés , dans un geste hâtif et quelques peu désorienté , comme si elle avait été traité honteusement.
A cette situation Dachna sembla se réveiller d'un profond coma : celui de ses réflexions.
Ses articulations rouillées par l'agacement inconnu , lui firent tourner le buste pour observer ...une fille en qui les joues n'avaient pas cessé de s'embraser.
Cette couleur de pivoine marquait un contraste marqué avec sa peau pâle et ses mèches claires encadraient une tête trop fine , fragile pour paraître humaine -sa disposition la classait chez les elfes mais rien ne prévoyait des oreilles à la même apparence- au final une seule logique s'imposa.

"Bonsoir"

Dachna avait parlé calmement , sans s'être pourtant entendue. Sa capuche voilait la moindre de ses intentions et elle tenait toujours à la main l'accueille foudroyante de la chope.
Quiconque pouvait connaître Dachna , serait sûrement resté pantois et béat devant cette nouvelle prise de parole. Mais La jeune fille ne s'arrêta pas là et sous les bruits de verres cassés et de cris suraigus , sa question l'amusa :

"Que vous est-il passé par la tête , pour venir ici ?"

Toujours tournée vers la Gallisenae , Dachna estima finalement que son breuvage n'était pas sans effet.